SABRIA Richard

Professeur des universités

richard.sabria@univ-rouen.fr

Laboratoire Dynamique du Langage in Situ
17, rue Lavoisier (Bât n° 7, 1er étage).
76821 Mont Saint Aignan Cedex

Profil et recherches : 

La recherche sociolinguistique entreprise, depuis 1990, à Rouen sur la LSF et ses locuteurs partage avec la recherche linguistique descriptive la fraîcheur et la relative virginité du champ. La recherche linguistique française n’a véritablement commencé sur les langues des signes, en France, qu’à partir de 1979 sous l’impulsion de CUXAC[1] qui reprenait les premiers travaux anglo-saxons de STOKOE[2] . Ces premiers travaux relancèrent le débat sur l’existence linguistique des langues signées, débat qui avait été évacué dans le modèle saussurien puis dans les théories structuralistes. Les premières études, phonologiques, devaient montrer qu’il existait bien une double articulation dans les LS. Les langues des Signes étaient donc bien des langues dotées des critères définitoires de toutes les langues. Ce fut le point de départ du développement de la recherche dans le champ avec deux tendances observables en diachronie. La première consiste à envisager la description linguistique des LS à partir des modèles opérationnels pour les langues orales, la deuxième étudie les dynamiques d’économie spatiale pour comprendre les processus d’iconicisation mobilisés lors de productions linguistiques signées. Cette dernière approche, qui se trouve vérifiée dans nos travaux, dégage des structures de type transférentielles  adaptées à la compréhension morpho-syntaxique des LS[3].

L’un des débats théoriques majeurs qui habitent actuellement le champ de la recherche consiste en la proposition de ces deux tendances.

 

Les recherches rouennaises en sociolinguistique sont ouvertes aux travaux descriptifs sur les LS, ancrent la recherche rouennaise dans le débat linguistique et social contemporain. La complexité des corpus vidéo analysés apporte une solide expérience et expertise dans la compréhension des structures et des formes des LS.

 

Les recherches en sociolinguistique de la LSF ont été, sont quasi inexistantes en France, à l’exception des travaux de MARKOWICZ[4] sur la diglossie LSF/français au début des années 1980 et plus récemment des travaux de MILLET[5]  sur les représentations sociales. La position dans le champ ressemble à s’y méprendre à un monopole.

 

À l’université de Rouen, la recherche en LS (langues des Signes), fondée sur l’étude du rapport homme/langue/société appliquée à une langue minoritaire, est révélatrice d’enjeux sociaux, idéologiques. La question linguistique du statut des langues, de la politique des langues, des langues de l’école, devient centrale lorsque l’on étudie la LSF mais elle fait immanquablement émerger d’autres questions dont, entre autres, le rapport à la norme linguistique et sociale, la place du bilinguisme dans le système éducatif français, traditionnellement et farouchement monolingue, la place de l’altérité dans notre société.

Avec les nouvelles dispositions législatives[6], la LSF est aujourd’hui reconnue comme langue d’éducation. Sa diffusion scolaire, son extension sociale ouvrent de vastes chantiers de recherches et d’applications de la recherche pour les décennies à venir.

Ce champ nouvellement redéfini par le législateur actualise les termes de la recherche en langue des signes au sein du laboratoire dans un renforcement du lien recherches/applications.

C’est ainsi que la recherche sur les langues des Signes, entreprise au sein de DYSOLA, est fortement impliquée dans la formation des interprètes en langues des signes/ Français. Une spécialité professionnelle « Interprétariat en langue des signes » avait été ouverte de 2006 à 2008, elle a été reprise en 2012.

Le laboratoire DYLIS assure l’encadrement des travaux de recherche des futur(e)s professionnel(le)s de l’interprétation. Cette activité de recherche fait partie intégrante du cursus de formation des futur(e)s interprètes au même titre que l’acquisition des compétences et techniques de passage du sens de la LSF au français.

L’autre terrain émergeant est celui de l’éducation des enfants sourds et de la reconnaissance toute récente de la LSF comme langue d’éducation à part entière.

Les recherches sur l’interprétation et l’éducation partagent la nécessité de recueillir et d’analyser des données visuelles alimentant ainsi une réflexion théorique, méthodologique, éthique adaptées à la quadri-dimensionnalité d’une langue visuelle-spatiale, aux spécificités morpho-syntaxiques des langues des signes, au contexte culturel, social des locuteurs de la langue des signes. Depuis deux décennies a été constitué et continue à se constituer un important thesaurus de corpus vidéo analogiques et numériques (récits de vie, conférences, poèmes…).

 

[1] CUXAC C, 1979, Communication visuelle-gestuelle chez les sourds dans Études de linguistique appliquée n°36, Paris, pp.30-40.

[2] STOKOE W, 1960, Sign language structure in Studies in linguistics, occasional paper n°8, University of Buffalo, New York.

[3] CUXAC C., 1996, Fonctions et structures de l’iconicité des langues des signes, Thèse de doctorat d’état, Université René Descartes, Paris.

[4] MARKOWICZ H., 1979, La langue des signes : réalité ou fiction dans langages n° 56, Paris.

[5] MILLET A., 1999, Orthographe et écriture, langage et surdité, systèmes, représentations, variations, Thèse d’habilitation à diriger des recherches, Université Stendhal, Grenoble.

[6] PASS Académiques, BOEN circulaire n° 2010-068 du 28-5-2010    http://www.education.gouv.fr/cid52184/mene1013746c.html

Dernières publications : 

SABRIA R, DECK C, ROUSSEL V. (2021), « Témoignages professionnels d’une alternative pédagogique d’éducation bilingue : 2LPE », Les Langues Modernes n° 1/2021, p. 17-29.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03226575

Champs de recherche : 
  • Recherches sociolinguistiques et linguistiques en Langues des Signes (LS)